Archives pour ‘Søren Aabye Kierkegaard’

(où le commentateur arrive à caler trois noms de philosophes super durs à orthographier tout en s’adressant au plus grand nombre…)

L’équipe de France de filosophie fait une piètre prestation au Mondial des Idées.

La pute

Tout commence, pour le quidam qui comme moi ne s’intéresse à la filosophie qu’en dernier ressort de conversation, sur un radeau de fortune ou dans un ascenseur coincé entre deux étages depuis plusieurs jours, par l’affaire Ribéry, métaphysicien de génie dont la vivacité intellectuelle et les multiples appuis sophistiques laisse les contradicteurs pantois…  Péripatéticien forcené, on apprend qu’il a utilisé les services d’une péripatéticienne, mineure au moment des faits. La pauvre (quoique ses émoluments dépassent largement nos salaires), la pauvre femme devient encore plus publique qu’elle ne l’était et déclenche une vague de réactions agressives allant du quolibet beauf à l’insulte la plus vile. Si elle n’était déjà rasée, nous l’aurions tondue.

Puis c’est Anelka, surhomme nietzschéen, pamphlétaire reconnu depuis des années pour l’acuité brutale de ses invectives, qui, pour insulter son entraîneur, lui attribue une mère entraîneuse, la similitude fait sourire. Le philosophe se considère bien supérieur à la prostituée, il fait des pieds-de-nez au pieds-de-grue, et sa pensée  s’accorde en cela à celle du cosmos.

L’Ane Elka

Anelka, qui n’a encore de distinction(s) que sportives, est donc un polémiste renommé depuis des années, qui pourrait avoir une fonction essentielle dans l’équipe de France de filosophie. C’est un attaquant, adepte d’un jeu court et violent, au verbe haut, propre, pour peu qu’il soit bien entouré, à semer la panique dans n’importe qu’elle argumentation adverse. Au lieu de remplir le rôle pour lequel il a été sélectionné (terme au combien révélateur de ce que sont, au fond, ces filosophes), Anelka a préféré insulter son entraîneur. C’est certes un piètre entraîneur, il n’y a pas besoin d’avoir lu Kierkegaard pour s’en rendre compte, la lecture d’une feuille de résultat suffit. Mais quoi, c’est son entraîneur… Il est donc prié par le collège des sages de la FFF, Fédération Française de Filosophie, de retourner à Cambridge ou Oxford, je ne sais plus, réviser sa fénoménologie.

On attendrait de son capitaine et de ses coéquipiers un peu de réserve et de travail pour combler le trou creusé par le départ du champion et pour ressouder un groupe qui a montré sur le terrain un collectif assez douteux.

Le traître

Hélas, les joueurs n’ont pour le coup pas fait preuve de filosophie et ont à la fois décidé de faire grève et de faire la chasse au traître qui a laissé fuiter l’altercation.

Car il y a un traître dans l’équipe ou le staff… Soit. Et son crime serait, paraît-il, pire que celui d’Anelka. Quel rapport avec la filosophie me diriez-vous…

Il convient de se pencher un peu sur ce mot : traître. Dans l’imaginaire collectif français, la figure du traître découle de deux personnages, la balance et le collabo. L’un comme l’autre révèle des informations tenues secrètes par un petit groupe. Et la révélation de ses informations menace la sécurité de ce groupe. L’analogie est juste. On en attend pas moins de la part de nos filosophes et de leur rigueur dialectique. La balance dénonce les crimes et délits commis par des criminels. On peine à comprendre en quoi le terme peut être péjoratif. C’est qu’on l’associe à une forme de collaboration avec un pouvoir ennemi. Car c’est bien la figure du collabo qui est plus profondément interpelée. Le collabo dénonce des résistants juifs homosexuels communistes. Si le nazi représente le mal universel, le collabo représente, lui, le mal universel avec un béret et une baguette sous le bras, c’est l’Antifrance moderne (post 1945). Et il y a un collabo dans l’équipe de France de filosophie. J’ai du mal à comprendre en quoi son crime peut-être pire que celui d’Anelka, en quoi révéler une altercation met un groupe plus à mal qu’avoir une altercation au sein dudit groupe. Il y a là une aporie qui dévoile les difficultés logiques de l’équipe de France et laisse présager, surtout si faisant grève, ils refusent de relire Wittgenstein, de futurs piètres résultats de la part de nos filosophes. Ce qui nous empêcherait de bien rigoler pendant les fases finales.

(Coïncidence : alors que je fumais une clope entre deux lignes, j’ai assisté à un délit de fuite routier suite à un accrochage qui a laissé un motard à terre au milieu d’un rond-point, qu’on se rassure il va bien. Il va de soi que si j’avais pu relever le numéro de la plaque minéralogique et le transmettre à qui de droit, je serais devenu pour l’auteur du forfait, une balance ou un collabo : une pute…)

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