« À l’écrivain ne sera jamais retirée la possibilité d’écrire – hormis dans l’extrême faiblesse du grand âge et la douleur physique intense – et ce sera pour lui un secours et une chance quand il fera l’expérience du deuil, de la maladie, de la solitude ou de la prison. Il tirera au moins ce profit de l’angoisse et de l’infortune. Mais écrire restera pour l’écrivain une exigence non moins impérieuse lorsque tout ira bien dans sa vie, lorsqu’il en sera à l’expérience de la quiétude, de l’équilibre et de l’amour. L’écriture empiétera alors sur son bonheur et il se peut que finalement elle ruine ce bonheur en lui disputant ses plus belles heures, en contestant sa souveraineté, si même elle ne lui nie pas sa qualité, tant il est vrai qu’écrire consiste à chercher rageusement ce qui ne va pas et que l’on n’écrit jamais en somme que des déclarations de guerre. »