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Pour défendre Tony ScoTTT

Mardi 21 Août 2012 à 16:03 - Catégorie: Uncategorized
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Tony Scott est mort… Il venait juste de regarder tous ses films à la suite. Puis il a lu les critiques françaises de ses films. Convaincu de sa propre nullité, il s’est jeté d’un pont dans l’Océan Pacifique après avoir laissé un mot dans sa bagnole dans une ultime mise en scène en forme de plan séquence. A la fin, il a revu toute sa vie défiler en quelques secondes de chute et s’est fait rattrapé par le montage hyper-cut. Merde…

Le cadavre n’est pas encore refroidi que sur les réseaux sociaux se multiplient les hommages incongrus à l’oeuvre du grand homme. Heureusement une saine réaction a lieu : Jérémie Couston de Télérama et Eric Libiot de l’Express nous aide a faire le tri dans une filmographie d'”un réalisateur qui ne débordait pas de talent” ou celui “des énormes bouses boursoufflées que sont Top Gun, Jour de tonnerre ou Unstoppable son désormais chant du cygne, dont le montage stroboscopique nous a valu une entorse du nerf optique.” Soit, ce n’est pas moi qui vais défendre Top Gun.

On pense ce qu’on veut de la filmographie du T.Scott, mais les critiques tournent autour de trois points dont on a du mal à comprendre en quoi il condamne le réalisateur a priori.

D’abord, Tony Scott n’est qu’un réalisateur de blockbuster. Et ça, c’est mal… Je crois que je ne connais pas d’argument plus con pour juger de la qualité d’un film de n’en connaître que les modes de production et de diffusion. Quand on m’apportera la preuve que tous les blockbusters du monde sont, par définition, des films de faiseurs ou de yes men (par opposition au cinéma d’auteur), des films qui flattent un goût dominant (par opposition au quichottisme du cinéma indépendant) et surtout des films simplement médiocre alors je me jetterai également d’un pont.

Ensuite, Tony Scott est vachement moins fort que son frère. C’est sûr, il faut les comparer puisqu’ils sont frères.Voilà un argument hautement critique. Et bien soit…

Enfin, et je crois que c’est ce que je reproche le plus aux critiques, c’est leur critique sur la réalisation de Tony Scott, réalisation emphatique, utilisant jusqu’à épuisement l’hyper cut, les images filtrés, les gros plans, les ralentis. Les enjeux ne seraient que ceux d’une écriture du paroxysme permanent.

Il y a là une confusion à lever. Il est indéniable que les années 2000 ont vu une mutation du film d’action vers une forme de cadrage et de montage visant à découper l’action pour n’en conserver que la pyrotechnie et l’explositivité graphique. Il est également indéniable que Tony Scott a contribué à forger cette grammaire qui a fini par rendre l’action illisible. Elle préfère jouer sur les saturations émotionnelles créées par une succession de plans rapides avec des valeurs et des points de vue éloignés, au son d’une bande annonce frôlant la saturation à force de volume. Oui, le blockbuster est majoritairement devenu un truc pour faire saigner les yeux et les oreilles en interdisant l’usage du cerveau. Mais là où le blockbuster moderne découpe en micro-unité une même action pour créer ce phénomène de saturation ne parvenant finalement qu’à la rendre illisible, Tony Scott lui n’a fait que jouer avec des processus de contamination entre images, jouant sur la persistance rétinienne pendant les montages hyper cut pour faire cohabiter des plans de l’action et en dehors de l’action. En fait, il s’en écarte. Il dessine ainsi une esthétique plus fine… En repoussant à leur maximum les valeurs de plan et surtout en en incluant certains qui ne font pas partie de l’action mais qui représentent les souvenirs, les obsessions, les fantasmes, les deuils, le futur des protagonistes, ses montages hyper cut montrent comment l’action est contaminée par d’autres images internes aux protagonistes dans une sorte de fondu permanent, image du chaos intérieur.

Et, sur ce même procédé, de persistance rétinienne, de fondu et de contamination, Tony Scott a incorporé dans son cinéma tout un corpus d’images impures, de la pub, du clip, de la vidéo-surveillance, de l’image numérique pour, dans une salle d’interrogatoire spécialement prévue pour la torture des photogrammes, leur faire avouer ce qu’ils pouvaient bien encore avoir à dire dans un monde déjà saturé d’images. Pas de discours dans les films de Tony Scott ? Peut-être pas. Mais cette idée que l’image qui émerge d’un bouillon d’inculture est celle qui reste et donne sens au récit. Et dans les années 2000 une filmographie, qui se construit parallèlement à un schéma hollywoodien dominant, traversée de mélancolie loin du réalisateur testost-erroné que l’Express ou Télérama essaie de nous vendre…

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Protected: La vieille

Jeudi 02 Août 2012 à 18:58 - Catégorie: Les 5 à 7
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