L’Ecole de Régression Personnelle
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Rien n’influence votre vie ; si vous êtes un nul, c’est d’abord de votre faute.
Et si vous en êtes arrivé là, il n’y a aucune raison que ça change.
A L’Ecole de Régression Personnelle, vous apprendrez également à percevoir les autres pour ce qu’ils sont réellement : des rivaux, des ennemis ou des esclaves. Surtout s’ils sont différents. La différence est une menace. Loin de nous enrichir, elle nous appauvrit en réduisant le champ de ce qui est immédiatement partageable entre deux individus.
A L’Ecole de Régression Personnelle, vous regarderez le monde pour ce qu’il est vraiment : un espace qui se dégrade sans cesse, un temps très court de souffrance exacerbée.
A L’Ecole de Régression Personnelle, vous apprendrez à vous connaître vous-même et à vous aimer tel que vous êtes, un individu négligeable, sans qualité particulière, en cela semblable à tous, et qui ne laissera aucune trace. L’insomnie, la mélancolie, la dépression sont des états normaux.
A L’Ecole de Régression Personnelle, vous apprendrez à diriger votre esprit vers des pensée négatives. Vous apprendrez à mettre un oreiller sur la tête des malades incurables pour au moins abréger vos propres souffrances. Vous deviendrez insensible, ce qui est la clé du bonheur égoïste. Vous deviendrez une mauvaise personne.
Partager, ça ne vaut le coup que si vous n’avez rien.
De toute façon, il n’y a rien après la mort et vous allez tous crever.
Aux correspondantes (variations)
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La Femme-insecte, Osamu Tezuka,1970.
Mon désir étreint toutes les femmes croisées. Il embrasse du regard leurs déclinaisons infinies. Il emballe leurs tailles de guêpe dans ses boîtes d’entomologue. Il ajoute une nuance à l’arc-en-ciel de leurs iris. Il vénère l’indistinction de leurs beautés éphémères croisées au détour d’une coïncidence. Il collige les coups de foudre, les arrêts cardiaques, les emballements, tout ce que femmes provoquent. Une aiguille d’acier les traverse de part en part pour qu’elles ne soient pas aussitôt oubliées qu’elles ont été aimées. Alignées, comparées, admirées, la collection s’accumule, envahissant au fur et à mesure l’espace mental. Tout ici est femme, du duvet prairial qui ondule sous le souffle jusqu’à la pupille dilatée de la nuit.
Je désire vous étreindre, ô femmes croisées. J’embrasse du regard vos inclinaisons infinies. J’empale vos tailles de guêpières dans des boîtes d’entomologue. Je goûte les nuances de l’arc-en-ciel à vos iris. Je vénère l’indistinction de vos beautés éphémères croisées au dédale d’une danse. Je collige les coups de foudre, les arrêts cardiaques, les emballements, tout ce que mon coeur convoque. Mon aiguille d’acier vous transperce de part en part, vous oubliez aussitôt que d’autres vous ont aimé. Lignées, parées, mirées, ma collection s’accumule envahissant à fur et en mesure mon espace mental. Ici, tout est vous, du duvet prairial qui ondule sous le souffle jusqu’à la pupille dilatée de l’ennui.
Je croise tes désirs étreints, mal-famés. J’embrase du regard tes inclinations infinies. J’empale tes détails de guêpière, j’emboîte dans ton mollusque. J’ajoute une gluance à l’arc-en-miel de tes orifices. Je vénère la distinction de tes bontés éphémères entrecroisées au détour d’une décadence. Je corrige à coups de foudre tes arrêts cardiaques, tes emballements, tout ce que tu évoques, infâme. Mon anaconde d’acier te transperce de mare en mare pour que tu inoublies avoir été aimée. Analignée, conperlée, admiraie, la correction t’encumule, emplissant sans fur ni mesure tes spasmes, mantras. Ici, tout est toi, du duvet prairial qui ondule sous le souffre jusqu’à la papille dilatée de la nuit.
Je suis l’inculte
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J’ai pas appris à pleurer
Avant la naissance de mes gosses
J’ai juste peur de crever
Et de pas finir le mois
Je suis inculte
Je torche tes enfants
On nous dit de pas trop s’attacher
Mais quand ils rentrent enfin à l’école
Il m’arrive de pleurer
Y’en a que je reverrai jamais
Ils m’appelaient Tata
Mais je suis inculte
Je ballade mes cent kilos de minuit à huit heures du mat’
Y’a vingt ans c’était du muscle
Maintenant y’a la moitié de graisse
Mais ça suffit à garder le chantier
Je suis inculte
Je passe tes articles
Un par un à la douchette
Je bosse encore quand toi t’as fini
Pour que tu puisses faire tes courses
Je suis inculte
J’ai fait ma maison sur les week-ends
La semaine je construisais les vôtres
Regarde les cals sur mes mains
Ma femme veut plus que je la caresse
Je suis inculte
J’ai toujours été un peu lente
On me l’a souvent répété à l’école
J’ai honte de faire des chèques
Parce que j’écris pas bien
Je suis inculte
Tu me parles comme à un mongol
Sauf si elle est en rade ta bagnole
Quand j’ouvre le capot pour t’expliquer
Tu te mets à mater tes pieds
C’est moi l’inculte ?
Je suis flic de base
Tout le monde déteste la police
C’est un peu comme être arabe
Sauf que moi je suis armé
Je suis inculte
Je suis grosse je suis moche
Je suis pauvre je suis seule
Tu me demandes pourquoi autant d’mioches ?
C’est juste que j’aime mes gosses
Je suis inculte
J’ai fait six mois
J’ai perdu mon boulot
Je bosse au black
Pour compléter mon RSA
Je suis inculte
Je fais ton pain, ton ménage,
Répare tes chiottes
Je fous rien et j’m’en fous
Je fume des joints
Je suis inculte
Je vide tes poubelles
Je nettoie la merde de tes vieux
Je prépare tes kebabs
Je fais la manche au Monop’
Je suis inculte
Je suis raciste et polonais
Homophobe et pédé
Femme et sexiste
Carte d’handicapé
Et puis inculte
T’aimes bien me voir dans les télé-réalités
Mais c’que tu préfères c’est sur ARTE
Tu pleures sur ma “condition sociale”
Moi ça m’fait chier
Parc’que ch’uis inculte
Je suis “conspirationniste”
Adepte du tous pourris
Si on est pas pauvres de not’ faute
C’est d’la faute à qui ?
C’est parce qu’on est incultes ?
Je suis pas éduqué
Je sais pas bien parler
J’ai pas la classe ouvrière
Mais je vote et ça t’emmerde
Vu qu’ch’uis inculte
J’ai pas appris à pleurer
Avant la naissance de mes gosses
J’ai juste peur de crever
Et de pas finir le mois
Je suis inculte
De l’utilité des baleines dans l’agriculture
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C’est en comptant le nombre de baleines dans ses champs que le paysan normand détermine le niveau des précipitations nocturnes.
Le massacre de la Saint Kuriakose
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Illustration extraite de Les Sports modernes illustrés. encyclopédie sportive illustrée (813 gravures), publiée sous la direction de MM. P. Moreau et G. Voulquin, édité par Larousse (Paris) en 1905-1906.
“(…) Jusqu’au XIXème siècle, il n’y eut à Monsonge qu’un seul cercle d’Art Martial Littéraire qui porte encore aujourd’hui le nom d’Ecole des Belles Lettres. Tombée en désuétude, l’Ecole ne compte plus qu’une dizaine de membres qui partagent leur temps entre la composition latine, le roman historique local et l’attribution d’un prix annuel. Jusqu’en 1828, et ce malgré les querelles émaillant l’histoire de la littérature au niveau national, seul Paris , Lyon et Bordeaux comptent plus d’un cercle d’Art Martial Littéraire. Très conservatrice, l’Ecole ne déroge pas à la règle et suit avec deux ou trois décennies de retard le règlement parisien des conflits stylistiques. C’est d’ailleurs un parisien, exilé lors de la Bataille du rejet dans l’alexandrin, Jean-Baptiste Pochet, qui fondera en 1828, la Colonie, cercle éphémère de poètes en prose qui eut la particularité d’être le premier à accueillir des femmes. Les provocations incessantes des disciples de M. Pochet sur les choix de sujets de leurs poèmes (le chemin de fer, le libéralisme, la cuisine paysanne, etc.) crispe rapidement les relations entre l’Ecole et la Colonie. L’affrontement était inévitable.
Le massacre de la Saint Kuriakose
Le 3 janvier 1829, l’Ecole envoie une délégation de cinq poètes et de cinq prosateurs à la Colonie. Jean-Baptiste Pochet est absent. Il est à Paris, chez sa mère, où il rédige un mémoire pour le retour de l’épigramme en prose. L’affrontement est aussi rapide que violent. Parmi les prosateurs de l’Ecole, et malgré leur interdiction tacite lors des défis entre cercles, se trouve un polémiste. Il n’y aura aucun survivant à la Colonie. On trouve 17 corps dont celui de Constance Pochet, épouse du maître des lieux. La police refuse d’intervenir dans une rivalité entre deux bandes littéraires. A l’époque, beaucoup d’officiers sont encore analphabètes, mal armés face à ces violences et estiment les risques encourus beaucoup trop importants. Par ailleurs, l’Ecole des Belles Lettres bénéficie de solides appuis politiques puisque beaucoup de notables en sont membres et qu’elle rédige chaque année la pièce de théâtre de fin d’année du Lycée de Jeunes Filles de la rue aux Juifs dont le succès ne s’est jamais démenti. Elle n’est donc pas inquiétée et l’affaire est enterrée avec les restes des corps des membres de la Colonie.
L’épigramme en prose de fer
Peu après son retour, M. Pochet, fou de douleur, achète une bergerie, se réfugie dans les montagnes entourant Monsonge et passe dans la clandestinité. Il envoie des lettres explosives. Sept membres de l’Ecole sont tués et son directeur, François de Baulieu est rendu aveugle en lisant une variante anaphorique du fameux “C’est çui qui dit, qu’y est !” Un version allégée de ce texte est encore utilisée de nos jours comme technique de self-defense. C’est durant cette période que M. Pochet élabore la méthode d’écriture qui permet d’asphyxier un adversaire ou de lui crever les yeux sans lire à voix haute. C’est sans conteste l’invention martiale littéraire occidentale la plus marquante du XIXème siècle que M. Pochet nommera l’épigramme en prose de fer et qui est encore utilisée de nos jours lors de grands conflits internationaux. On attribue à cette technique et à son industrialisation la moitié des victimes de la Querelle de la raréfaction des adverbes dans le roman des années 62-63 (…)”