Archives pour Jeudi 29 Juillet 2010 à 07:04

« Il faut environ une heure pour faire bouillir une tête. »

Laissez un commentaire Lien Permanent Comments Feed

L’outrage au drapeau

Mardi 27 Juillet 2010 à 14:39 - Catégorie: Imprévus de presse
Tags: , ,

Je cite entre guillemets un extrait du billet de Maître Eolas, tenancier d’un blog fort instructif :

“Le Gouvernement, qui n’a visiblement rien de mieux à faire de ses journées (Quelle crise ? Quelles affaire ? Où ça, une guerre en Afghanistan ?) a aujourd’hui décidé de rétablir une infraction de blasphème.

Le décret n°2010-835 du 21 juillet 2010 relatif à l’incrimination de l’outrage au drapeau tricolore est publié aujourd’hui au JO, et incrimine d’une contravention de 5e classe (1500 € d’amende max, 3000€ en cas de récidive)

le fait, lorsqu’il est commis dans des conditions de nature à troubler l’ordre public et dans l’intention d’outrager le drapeau tricolore :

1° De détruire celui-ci, le détériorer ou l’utiliser de manière dégradante, dans un lieu public ou ouvert au public ;

2° Pour l’auteur de tels faits, même commis dans un lieu privé, de diffuser ou faire diffuser l’enregistrement d’images relatives à leur commission.

Rappelons que cette loi indispensable est due uniquement à [une photo], primée lors d’un concours de photographie de la FNAC de Nice sur le thème du politiquement incorrect. En effet, aucune loi ne permettait de punir cet artiste pour son oeuvre, vous réalisez le scandale : on se serait cru dans, horresco referens, un pays de liberté, du genre de celui qui écrirait ce mot sur le frontispice de ses bâtiments publics.”

Mon cher Drapeau,

je vais me dépêcher avant que cet outrage ne concerne plus l’objet physique, mais aussi le symbole. Pour l’instant, je dois être tranquille, je l’espère en tout cas. Mon cher drapeau, disais-je… Je n’ai a priori aucune raison de t’outrager, dans le fond, tu m’importes peu. Tu es certes le symbole d’une République dont j’apprécie la devise et certaines valeurs, mais tu as aussi été le drapeau de deux empires, de quelque courte monarchie oubliée et même du régime de Vichy : le drapeau des crimes coloniaux ou des déportations, c’était toi aussi. Alors, tu as beau être dressé sur tes fers de lance, la plupart du temps, c’est moi qui te regarde de haut. Tu n’a toujours été qu’un symbole et tu deviens avec le temps un outil de communication qu’on vide de son sens.

Il faut dire qu’esthétiquement, tu n’es pas très beau. Tes couleurs sont presque primaires, et le blanc, que tu portes en ton centre, n’a pas la poésie des pages que je noircis puisque je ne peux plus y écrire ce que je veux. Tu es moche et tu es devenu triste…

C’est pourquoi, si nécessité devait se produire, non, je n’hésiterais aucunement à te brûler si j’avais froid pour allumer un feu, à te conchier si je n’avais plus que toi sous la main au sortir d’une diarrhée, à te souiller de foutre s’il s’avérait que tu sois de soie ou d’autres humeurs si je devais faire l’amour avec toi pour unique drap, à te faire couche pour mes enfants ou mouchoir pour mes aînés, je te déposerais dans la boue au pied d’une femme pour qu’elle ne salisse pas ses pieds sacrés. Tu remplirais alors ta fonction première, celle de la défense de ton peuple dont je fais partie. Tu ne serais plus un symbole qui se vide, mais un réservoir outragé, ô combien utile, apportant chaleur, lumière, douceur, asile, ce que devrait toujours être le phare d’une nation.

Drapeau, si je t’emmerde aujourd’hui, c’est que la liberté que tu es censé représenter, c’est en ton nom qu’on lui porte atteinte en créant ce délit d’outrage.

Alors va chier, drapeau… chiure de langue de bois… suppositoire… gua(i)no… ordure… oriflemme… déchet… bandemourole… pourriture… étendard sanglant… saloperie… fanion… Ta raie blanche, je lui pisse dessus… Ton ciel bleu, je lui crache à la gueule… Ton rouge, j’en frotte les carcasses puantes des hommes qui furent tués sous tes couleurs pour qu’un sang impur ravive leurs corps inanimés…

Et je te prie de recevoir mes amitiés patriotiques et outrageantes, pauvre connard !

LOBO.

1 commentaire Lien Permanent Comments Feed

De ce que l’on fait

Lundi 26 Juillet 2010 à 17:24 - Catégorie: Fugitives
Tags:

Là, des centaines de pages, des milliers de lignes, des millions de signes (enfin il faudrait recompter…) un blog, deux romans inachevés, des nouvelles que je ne compte plus et qui ne comptent plus, des articles à droite à gauche pour des fanzines ou des revues, des critiques…

Ici, ce qu’il convient d’appeler une petite fille. Une très simple petite fille… Ni moins certes, mais ni plus quand même qu’une petite fille. Un miracle permanent fait de grâce, de force et d’intelligence en pleine expansion.

Et j’oserais, de là, parler de mon oeuvre ?

3 commentaires Lien Permanent Comments Feed

L’honnête homme se méfie à juste titre de la station balnéaire, lui préférant, de loin, la station bipède qui le différencie de la bête et de l’estivant.

Avant d’en expliquer les raisons, il convient de définir d’abord ce qu’est une station balnéaire. C’est un lieu de séjour, en bord de mer, spécialement aménagé pour les vacanciers. Le poil se dresse de frayeur. La station commence exactement là où elle s’achève, en bord de mer. Elle trempe les pieds dans l’immensité en la trouvant froide au début mais c’est pas grave après elle est bonne. On ne saurait traiter l’immensité de façon plus grossière. Il faut dire que les égouts s’y déversent. Quant au vacancier, c’est une espèce absurde qui travaille toute l’année pour pouvoir s’offrir du repos sous prétexte que le chômeur est en vacances toute l’année sans en avoir les moyens. Autant dire que si l’honnête homme marche sur ses pieds, le vacancier, lui, marche sur la tête.

Le comportement du vacancier est absurde. Il a un petit appartement avec tout le confort moderne en banlieue parisienne et va dormir dans une tente incommode au camping. Il habite à deux pas d’un supermarché pratiquant toute l’année les prix les plus bas et décide pendant quinze jours d’acheter des saucisses au prix du caviar. Alors que sa femme les réussit parfaitement à la maison, il préfère les cuire lui même et parvenir à la substance du barbecue estival, le bout de charbon au goût de porc cru. Il joue au tennis sur la plage, alors que la balle de rebondit pas sur le sable. S’il n’était idiot, on penserait que le vacancier est un imbécile, mais non, il est juste con. Il n’y a guère que les enfants pour se comporter exactement de la même façon chez eux et dans les stations balnéaires, mais peut-on vraiment se fier à des individus qui ne comprennent rien à la géométrie non euclidienne et qui trouvent que la guerre c’est mal. Lorsqu’un enfant aura le prix Nobel de Mathématiques nous en reparlerons, mais je vous fiche mon billet que ce n’est pas prêt d’arriver et pour cause…

L’honnête homme, lui, n’est ni juillettiste, ni aoûtien, non, il est éternel. Il peint des nymphéas à Giverny et s’intéresse aux passereaux des Galapagos. La nuit venue il regarde les nuages de Magellan en se sentant bien peu de chose certes, mais tellement plus qu’un vacancier.

Pourtant, pour peu qu’il accepte de se mélanger, de temps en temps, au bas peuple, il est indéniable qu’il en ressort encore grandi. Il y a en tout honnête homme un amoureux des arts qui sommeille, un naturaliste qui repose, un homme sensible.

La station balnéaire est à notre sens le musée de l’architecture du XXème. Se côtoient dans une même ville station des villas Art Nouveau dont les arabesques semblent pleurer de se trouver à côté de pavillons brutalistes et les utopies des grands immeubles de l’architecture High-Tech nous montrent qu’au temps des gilets de laine et des pantalons pattes-d’éph, on concevait un avenir lointain qui n’a pris que dix ans pour ressembler à un passé éloigné. Plutôt que d’aller geindre sur les ruines de l’Acropole, l’âme romantique moderne ira en bord de mer observer ces modes successives qui en croyant tutoyer l’éternité de la beauté n’ont fait qu’offrir à l’idée de ruine des déclinaisons infinies dans ce qui ressemble à un cimetière de l’architecture dont les créatures nécrophages porteraient des tongs et des lunettes de soleil. C’est sans doute l’une des premières raisons qui font que  l’âme sensible flânant rue de la Mer sent poindre l’obscure nostalgie qui suinte de toute station balnéaire.

On croit pouvoir se raccrocher aux jardins. Les essences exotiques n’y sont pas rares et les palmiers y grelottent sous des latitudes où on ne les attendaient plus. Les stations balnéaires sont des Jardins des plantes à ciel ouvert et dont l’entrée est gratuite. Les plantes y sont presque toutes en exil et rêvent la nuit aux déserts ancestraux et aux forêts tropicales. C’est là une autre forme de nostalgie.

Mais c’est bien du côté des vacanciers que l’honnête homme devra finalement tourner ses regards pour saisir l’essence de ce lieu qui tâche de construire une chimère paradisiaque, celle d’un été sans fin qui est celui de l’enfance, des gâteaux de sable et des rires qui s’envolent dans la chaleur étouffée des soleils couchants.

On ne compte plus les familles, les lignées qui d’année en année, de génération en génération retourne au même endroit, se baigner dans la même eau et se rappeler indistinctement les premières amours quand la pérennité d’un je t’aime durait quinze jours pour secouer l’âme jusqu’à la mort.

Ils étaient alors secs comme des coups de trique, bronzés comme des marins et plongeaient des hautes digues loin du rivage en ignorant la peur… Ils avaient quinze ans seulement et pensaient pour la première fois être des hommes. Ils regardaient les filles qui n’en finissaient pas d’éclore et pendant que les gamines couraient le cul à l’air, barbouillées de sable et les cheveux mêlés de sel et d’algues, les grandes soeurs couvraient pour la première fois leurs seins en ignorant que cette soudaine pudeur les rendaient plus indécentes que jamais qui soulignait ce qui était auparavant invisible.

Ils avaient sept ans à peine et gouvernant des châteaux de sable, ils luttaient jusqu’à la mort ou jusqu’au goûter face aux flots déchainés de la marée montante. L’été durait deux mois, c’est à dire toujours et maintenant il dure quinze jours, c’est à dire trop peu.

Et chaque année, malgré la fatigue et l’âge et la pauvreté, la transhumance recommence, et on observe à nouveau le ballet des jeux et les chorégraphies des séductions adolescentes.

Et malgré les dunes éventrées, malgré le tape à l’oeil des commerces, malgré l’odeur grasse des grillades et des huiles dont on s’asperge pour mieux brûler vite et bien, malgré les embouteillages qui durent plus que les bains, tout dans la station balnéaire, son architecture sauvage, ses plantations incongrues et ses migrations klaxonnantes, tout ce fatras est un humble hommage déposé aux pieds nus chaussés de sandales en plastique  de cet enfant qui mange du sable en riant, de cette jeune fille qui met son premier bikini avec l’émoi d’une jeune mariée enfilant une robe immaculée. Et tant qu’ils riront de tout ou rougiront d’un rien, il y aura derrière la laideur du béton, la beauté de l’enfance qui comme la mer est toujours recommencée.

(Ce texte est dédié à Guillaume, Amélie, Julie et Lou…)

2 commentaires Lien Permanent Comments Feed

Je t’ai à l’oeil

Jeudi 01 Juillet 2010 à 18:19 - Catégorie: Fugitives
Tags: , ,

Je suis obnubilé par ces histoires de regard et de vision. Mais je ne peux pas les écrire sans verser dans un intime qui ne m’appartient pas.

Je joue mentalement avec l’idée et tâche de résumer l’amour à un comptine. Comme si nous chantions l’amour alors que c’est bien le contraire, c’est l’amour qui nous chante, jusqu’à ce qu’il se fatigue de nous.

Tout se résume à ces visions.

D’abord, je t’ignore. Puis je te vois parce que tu m’apparais. Puis je te vois sans cesse, même quand tu es absente, surtout quand tu es absente. Puis je te vois sans cesse, à mes côtés. Puis je ne peux plus te voir parce que tu es toujours à mes côtés. Puis je te vois sans cesse parce que tu n’es plus là. Puis je ne te vois plus. Et je te regrette.

J’hésite beaucoup en ce moment. Entre le scalpel et la plume à l’encre rose…

Laissez un commentaire Lien Permanent Comments Feed