Archives pour Lundi 31 Octobre 2016 à 10:37

La platitude

Lundi 31 Octobre 2016 à 10:37 - Catégorie: Uncategorized
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Le soleil s’épuise à monter au loin avant de retomber vaincu. Sysiphe s’éreinte. La nuit prend ses aises. Elle s’étire langoureusement. Elle s’étend complaisamment. Elle a décidé de n’en plus finir avec nous. Le jour s’abandonne plus vite à ses draps noirs. Il renonce sans plus combattre. Et elle étreint plus longuement les matins pluvieux. Il n’y a bientôt plus de midi, plus de zénith, plus d’apogée.

De l’humus monte l’odeur douceâtre du caveau. Dans  le brusque silence des insectes volants, le dépouillement des feuilles tombées, le scintillement métallique du givre sur la branche nue, on devine le triomphe sinistre de la mort universelle. Le pas se fait lourd. La boue, la fatigue, le renoncement collent aux semelles. Le ciel gris pèse de toute son humidité sur les épaules. La terre appelle le corps et voudrait l’avaler. Voici venu l’automne et son cortège funèbre.

Nous allons entrer dans la vie économe de l’hiver. Pour vivre une année de plus, il faut mourir une saison encore.

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Toutes proportions gardées

Dimanche 23 Octobre 2016 à 09:15 - Catégorie: Uncategorized
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On la croit soumise, jugée sur ses talons.
Elle domine pourtant ceux qui la mesurent.
Si elle donne à l’univers sa démesure,
C’est parce qu’elle en est la maîtresse étalon.

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Helmut Newton

 

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Les Ecrivains Voyageurs

Lundi 17 Octobre 2016 à 11:40 - Catégorie: Uncategorized
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Tchaikane du Bazar, Tibriz, 1953/54, Nicolas Bouvier, L’Isage du monde.
J’ai la flemme de renlever les deux piles de papier de mon bureau, je vais bosser sur la table de la cuisine.

C’est un autre monde. Les odeurs, les couleurs, la qualité minérale de l’air même y sont toutes différentes. Elles aiguisent la vue et l’esprit atrophiés par l’habitude du bureau. Quant à la culture propre à la cuisine, peut-être plus simple, mais aussi plus authentique dans son immédiateté charnelle et plus profonde, dans ce qu’elle relève comme traces des gestes ancestraux de civilisations révolues, elle interroge mon rapport au monde.

Mon écriture n’est déjà plus la même. L’envie d’envoyer balader le chef-d’oeuvre attendu pour écrire simplement une liste de courses, cette littérature du peuple d’ici que les Nobel ignorent.

Et se pose l’éternelle question… Reviendrai-je un jour à cette vie étriquée qui se déroule encore dans le bureau, en mon absence, à au moins cinq mètres de là ?
 
Sans doute, car là-bas sont mes racines et les cartouches d’encre dans le tiroir… Et ici, la vaisselle qui sèche est un reproche implicite, il faudrait que je la range au lieu de travailler. Ces différences qui nous enrichissent elle et moi sont aussi celles qui nous éloignent inexorablement l’un de l’autre.
 
En rentrant, peut-être que je serais invité au festival de Saint-Malo.

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L’Ile des Poupées

Mercredi 12 Octobre 2016 à 11:42 - Catégorie: Uncategorized
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Sur l’Ile des Poupées, les habitantes ont, pour amuser leurs filles, l’habitude de leur offrir des enfants.

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William LARKIN ca 1620

Hélas, les petites poupées n’accordent pas toujours le soin nécessaire à leurs jouets. Il n’est pas rare de voir au fond d’un coffre, sous l’arbre du jardin, sur un tas d’ordures, le cadavre désarticulé de l’enfant qu’on a oublié de nourrir et dont la rigidité cadavérique empêche la manipulation. Le jouet ne marche plus et commence à se putréfier. Les poupées sont patientes. Elles n’ont pas d’odorat.

Plus tard, elles feront des côtes, une cage à oiseaux et du crâne, un objet de méditation sur le passage du temps et l’impermanence des objets.

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