Offrir de bons traitements
Tags: L'oiseau nul, Livre, Loup, Pierre Peuchmaurd
“La nuit les loups sont bleus, un peu phosphorescents.
Il y a des loups, tu sais, qui regardent aux fenêtres et qui voient la distance. Il y a des loups qui pleurent du silence de la proie.
Il y a des loups qui traînent des rumeurs rose et jaune, il y a des loups qui lèchent le cou des dentellières, il y a des loups furtifs, des loups à la saison. Il y a des loups jaloux dans des villes étrangères.
Il y a l’hiver qui pousse.
Il y a des loups savants qui dorment dans les livres, des loups anachorètes et des loups synthétiques. Il y a des loups absents, très absents, très absents. Il y a des loups sans fond, ce sont les meilleurs loups.
Il y a des loups d’argile, des loups de papier peint. Il y a des loups arabes avec des rubans verts, des loups de temps en temps, d’autres plus absolus. Certains loups sont faciles et le vent les traverse.
Il y a des loups solaires. L’ombre leur veut du bien, eux regardent la mer. Il y a des loups comme ça.
Ils ne rêvent pas toujours, mais ils rêvent quelquefois
Il y a des loups de printemps, des loups d’offres spéciales. Il y a des loups abstraits avec des bas nylon et du rouge aux babines. Il y a des loups frileux, avec des sentiments. Il y a des loups dorés.
Il y a des loups obliques, qui partent avec le jour, qui partent avec la nuit, des loups désespérants avec des airs de loups comme on croit qu’ont les loups.
Il y a des loups furieux, des loups qui pensent aux loups et qui pensent aux baleines. Il y a des romans noirs sous l’oreiller des loups.
Il y a la faim des loups.
Il y a des loups, tu sais, qui n’ont pas de mémoire. Ce sont des loups sans horde, souvent de très jeunes loups, qui ne cherchent qu’un visage où poser leur velours.
Et puis il y a des louves.”