Les Ecrivains Voyageurs

Lundi 17 Octobre 2016 à 11:40 - Catégorie: Uncategorized
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Tchaikane du Bazar, Tibriz, 1953/54, Nicolas Bouvier, L’Isage du monde.
J’ai la flemme de renlever les deux piles de papier de mon bureau, je vais bosser sur la table de la cuisine.

C’est un autre monde. Les odeurs, les couleurs, la qualité minérale de l’air même y sont toutes différentes. Elles aiguisent la vue et l’esprit atrophiés par l’habitude du bureau. Quant à la culture propre à la cuisine, peut-être plus simple, mais aussi plus authentique dans son immédiateté charnelle et plus profonde, dans ce qu’elle relève comme traces des gestes ancestraux de civilisations révolues, elle interroge mon rapport au monde.

Mon écriture n’est déjà plus la même. L’envie d’envoyer balader le chef-d’oeuvre attendu pour écrire simplement une liste de courses, cette littérature du peuple d’ici que les Nobel ignorent.

Et se pose l’éternelle question… Reviendrai-je un jour à cette vie étriquée qui se déroule encore dans le bureau, en mon absence, à au moins cinq mètres de là ?
 
Sans doute, car là-bas sont mes racines et les cartouches d’encre dans le tiroir… Et ici, la vaisselle qui sèche est un reproche implicite, il faudrait que je la range au lieu de travailler. Ces différences qui nous enrichissent elle et moi sont aussi celles qui nous éloignent inexorablement l’un de l’autre.
 
En rentrant, peut-être que je serais invité au festival de Saint-Malo.

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