Archives pour Dimanche 22 Août 2010 à 09:52

Ne pas perdre espoir

Dimanche 22 Août 2010 à 09:52 - Catégorie: Citations
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« L’adolescence est difficile pour beaucoup. Pour Albert W., jeune étudiant de Boston, l’adolescence s’accompagne d’un phénomène pénible : il pleut sur lui à tout heure et où qu’il se trouve. C’est à dire même à l’intérieur. Au début, son entourage était surpris, puis franchement amusé. Avant de trouver ça agaçant.

Bien entendu Albert souffre énormément de ces réactions. Alors que justement, il a tout d’un garçon discret, réservé, qui, à ce détail près, ne fait jamais son intéressant. Pour le psychologue du campus, Albert est un garçon perturbé. «Ses pluies sont l’expression de son malaise devant la vie et ses incertitudes. Chez la plupart des jeunes, on assiste à des éruptions de boutons, chez lui, il pleut. » La psychologie semble en effet au coeur du problème. L’expérience le prouve : si on place Albert qui est déjà timide, dans une position d’inconfort accru, par exemple un tête-à tête avec une fille, on constate que le pluie redouble. (Ceci explique que Albert ait si peu de succès avec les filles.)

Les plus grands scientifiques se perdent en conjectures à l’examen du cas de Albert. Et n’ont pu que lui recommander le port du parapluie en toute saison. Mais, s’il le protège du rhume, cet objet ne dissimule en rien son infirmité au regard du monde. Et Albert ne veut pas d’une prothèse qui soit une béquille, si je me fais bien comprendre. Pauvre jeune homme, splendide dans son isolement, attendant que finissent les troubles de la puberté. Son anomalie prive Albert de la plupart des loisirs des jeunes de son époque, lesquels consomment du courant électrique. Et comme, semble-t’il, personne ne se mouillera pour devenir son ami, Albert se consacre à la lecture. Ou bien il va à la piscine ou peint des aquarelles.

Un souvenir heureux d’Albert, c’est quand ses parents l’ont envoyé vivre dans le sud-est asiatique pendant la saison des pluies. Là, loin de chez lui et privé de ses complexes, Albert a cru enfin vivre. Mais une fois la mousson passée, les gens ses sont moqués. Plus récemment, ses parents l’ont placé dans une institution spécialisée. À défaut de l’en guérir, ils pensent avoir réussi à atténuer son problème. Et c’est vrai, Albert est presque heureux. Il s’est fait un ami en la personne du garçon sur qui il neige. Et croit même être amoureux de la fille sur qui il grêle. Et ce bien qu’elle ait la tête toute cabossée. »

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La chasse aux Roms

Dimanche 15 Août 2010 à 13:35 - Catégorie: Fugitives
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Concernant la recrudescence des vols de pot de miel à travers toute la Valachie, l’inspecteur Petrescu, remarquable enquêteur, reconnu pour la finesse de son jugement et de ses qualités psychologiques, n’avait plus que trois suspects possibles. Il soupçonnait fortement l’homme de gauche dont l’air sympathique dissimulait mal un je-ne-sais-quoi de sournois. Il était tout à fait capable de laisser des empreintes d’ours pour semer le trouble. Il était en tout cas certain de l’innocence de celui du milieu qui ne s’exprimait que par grognements et peinait à se tenir debout, ce qui révélait un alcoolisme chronique fort peu compatible avec la sophistication des forfaits accomplis.

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Grandes résolutions

Mercredi 11 Août 2010 à 19:42 - Catégorie: Fugitives
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C’est à ce moment précis que Rama Yade décida de ne plus jamais être une femme objet. Des  années plus tard, elle se rendit compte que même Secrétaire d’Etat, on lui faisait prendre des positions tout aussi équivoques…

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Permanence du conte

Mercredi 11 Août 2010 à 13:13 - Catégorie: Fugitives
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Le soir, pour se faire peur, ils se racontaient, longtemps après leur éradication, des histoires dans lesquelles des hommes sauvages soufflaient leurs tanières, violaient leurs louves et dévoraient leurs louveteaux.

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Genre : les moissons

Lundi 09 Août 2010 à 14:07 - Catégorie: Genre
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(Préviousselie)

La lune éclaire la façade. Visibilité excellente, je ne peux pas sortir par là, ça serait un suicide. Je passe par derrière. Et je me mets à cogiter. Je cogite toujours beaucoup et très vite dès que les armes sont de sortie. Chaque fois que je suis au milieu d’une fusillade, c’est le même plan. Le temps ralentit, tout est silencieux.

Ça ne colle pas. Ça ne peut pas être eux. Pas maintenant.  Et puis c’était pas des manières de faire. Sur quoi ils auraient tiré ? Et puis pourquoi ? Faire un guet-apens en défouraillant dans les coins, c’est peut-être pas tous des lumières dans l’équipe, mais ils sont pas cons à ce point. Et puis le coup de feu était assez lointain, je crois… Et comment m’auraient-ils retrouvé si vite ? L’Abbé m’aurait balancé ? S’il a encore des couilles dans le caleçon, c’est quand même grâce à moi. On aime pas trop les violeurs là où on s’est rencontré. Un violeur, c’est une menace potentielle pour les mères, les femmes et les filles des taulards. Et c’était pas son seul défaut à L’Abbé. Il avait pas de face. Il rasait les murs. Il lisait des livres. Il regardait tout le temps ses pompes. Il  se battait jamais. Il ne faisait pas de sport. Il balançait des vannes que personne comprenait. Il avait la carrure d’un coton-tige qu’aurait avalé une boule de bowling. Il venait des beaux quartiers. Il avait tout pour déplaire, le passé, la gueule, les manières. Mais L’Abbé était dans ma cellule.  L’Abbé m’a empêché de m’abrutir avec la télé, le sub et l’alcool. L’Abbé cuisinait super. L’Abbé m’a encouragé à faire des études. Et surtout L’Abbé connaissait très bien la loi. Il a géré toute ma détention. Les permes et les remises de peine, c’est grâce à lui que je les ai eues. Grâce aux études. A l’emploi fictif qu’il m’a trouvé dehors. Alors L’Abbé, personne n’y touchait plus depuis que j’avais éclaté deux petits reubeus dans les douches. Ils étaient en train de le travailler avec une lame de rasoir plantée dans le manche d’une brosse à dents. Ils voulaient lui couper les couilles. Je leur ai expliqué à coups de poing qu’ils étaient plus à Bois d’Arcy. Et que c’est pas à vingt piges qu’on devient un caïd en centrale. Non, je ne croyais pas que L’Abbé m’avait balancé.

En même temps, à partir du moment où j’avais entendu le coup de feu, il fallait bien que je fasse quelque chose. Et appeler les condés n’était sans doute pas l’idée la plus brillante. C’est quand même dommage que je n’ai pas pris le temps de scier le canon et la crosse du fusil. Ou de prendre le Beretta en descendant.

Je contourne le bâtiment à l’ombre et jette un coup d’oeil en face. Ils sont deux. Ils sont loin. Dans le champ des aubracs. Leurs silhouette sse détachent parfaitement. Celui de gauche marche comme un mec qui aurait asséché une bouteille de whisky cul sec. Il a l’air plus que mûr. Il n’est pas armé. Celui de droite, épaule le fusil et tire à nouveau. La jambe du mec de gauche vole et il s’écroule. L’autre marche vers lui en rechargeant calmement. Il arrive à côté, il vise longuement la tête. Eclair très net du coup de feu. C’est le visage de mon gentil voisin agriculteur que je vois apparaître. Je crois. Il repart d’un pas lourd vers la ferme. Je m’accroupis dans l’ombre. Il revient en tracteur, accroche un treuil au cadavre et  roule vers le bâtiment. Il s’arrête. Qu’est-ce qu’il peut bien foutre ? Il descend et accroche un deuxième treuil à une vache morte que je n’avais pas vue. Il bouine un peu et s’allume une clope en regardant les étoiles. Il emmène le tout bien posé sur son tape-cul. Il a quand même des nuits agitées, le voisin, pour un pecnaud. Ça m’arrange pas trop tout ça. D’ici à ce que la cavalerie débarque demain…

(Toubicontinioude…)

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Soumettre le chaos à ses propres régles

Lundi 09 Août 2010 à 09:06 - Catégorie: Citations
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« Les dés en place devant lui, il resta deux minutes dans cette position, priant silencieusement. Puis il ramassa les deux dés et se mit à les agiter gaiement dans ses mains en cornet.

Tremble dans mes mains, ô Dé,                                                                               Tout comme je tremble entre les tiennes.

Et, tenant les dés au-dessus de sa tête, il entonna à haute voix :

O grands et sévères cubes de Dieu, descendez, frémissez, créez.                                 Je remets mon âme entre vos mains.

Les dés s’abattirent : deux et un, trois. Il devait quitter à jamais femme et enfants. »

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Genre : les premières nuits

Jeudi 05 Août 2010 à 19:09 - Catégorie: Genre
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(Préviousselie)

C’était notre première vraie nuit à L’Hartzala et à moi. On en avait eu d’autres, mais dans des hôtels… Elle avait attendu le grand soir deux ou trois piges, je sais pas comment elle a fait. Elle a peut-être pas attendu d’ailleurs, mais bon, je m’en foutais. La toute, toute première, on a été à l’hôtel, deux nuits consécutives. On a bu comme des trous, on se cassait la gueule du lit pour un oui, pour un non et on continuait sur le lino. Elle avait pas froid aux yeux. Dans ses lettres non plus d’ailleurs, mais là, j’étais sûr. Comme je refusais de bosser, j’avais payé avec le cantinage et des restes de mandat, mais bon j’y tenais. C’était un truc assez minable, des putes nigérianes et des étudiants arabes, ça gueulait toute la nuit, mais nous, on aurait baisé au milieu d’un supermarché sans s’en rendre compte. Le jour, on faisait des courses pour ma gueule, j’avais l’air d’un con avec mes sapes d’avant. Sortir, c’est faire un saut dans le futur et pour L’Hartzala, ça passait par s’adapter à la mode du jour. Le jour, j’étais un gamin qu’on habille ; la nuit, je redevenais un homme qu’on déshabille. Ca peut paraître débile. Surtout aux gens qui ignorent ce qu’est être privé de sexe à 25 piges.

La perme suivante, elle a payé les nuits. Un truc classieux, une chambre immense avec un lit qui n’en finissait pas. J’en avais le vertige dans mon demi-sommeil que ce soit si grand. Il y avait des trucs dingues comme du parquet, un vélux, des lampes de chevets, une salle de bains avec une baignoire. Et pas de télévision. Enfin, pas allumée quoi…

C’est là qu’on avait causé vraiment. Je lui ai parlé d’une maison… Qu’on achèterait… Elle m’a dit que c’était précipité – j’apprenais encore des mots, moi – que je n’avais pas d’argent, de toute façon. Rapport à l’hôtel minable. Je lui ai expliqué. Elle me regardait avec des yeux comme des billes et un drôle de sourire. Elle connaissait rien au milieu, elle en apprenait plein d’un coup. Elle a dit oui pour la maison. Et les risques qui pouvait aller avec… Y’a que les noms exacts que je lui ai pas dit. J’allais pas non plus lui filer un carnet d’adresse. Elle m’a pas dit non plus si elle avait vu mon affaire à la télé. Elle savait sans doute tenir sa langue, à sa façon. Elle m’a  dit qu’elle paierait la moitié, qu’elle voulait être indépendante, qu’elle ouvrirait un cabinet et qu’on aurait des rosiers. Qu’elle m’aimait. Et qu’elle me quitterait au moindre problème lié à mon passé.

On se retrouve des mois plus tard dans la baraque à faire notre première vraie nuit chez nous. Je lui ai fait un foie gras chaud et un coq au vin, elle mange surtout les morilles et les haricots verts du jardin. Parce qu’on a un jardin. Et un jardinier. Et une femme de ménage. C’est L’Abbé encore qui s’en est occupé, pour que tout soit nickel à notre arrivée. Le jardinier, c’est un petit vieux qui trouve son propre jardin trop petit et sa retraite pareil. Elle, c’est une espagouin, elle baragouine trois mots de français. L’Abbé trouve ça plus prudent vu qu’elle aura accès à la maison. On boit pas mal de vin jaune, et je monte L’Hartzala dans mes bras pour franchir le seuil de la chambre qu’elle a pas encore vue. Elle a l’air heureuse. On fait l’amour tout doucement et elle s’endort en me disant que c’est pas grave. Je la regarde et je me dis que j’ai du bol.

Et puis d’un coup, j’entends les vaches qui se mettent à meugler à la mort. Pas d’orage, pas de pluie, pas de vent. Il est quatre du. Pas un bruit. Sauf les meuglements et les cavalcades des bêtes paniquées. J’ouvre les yeux, retiens mon souffle, m’habitue à l’obscurité et me lève doucement pour ne pas la réveiller quand j’entends un coup de feu retentir. Un gros calibre. Je me lève et ferme à clé la porte de la chambre. Je descends, lumières éteintes, et décroche un des fusils du râtelier. Un gros calibre. Je suis surpris que ça arrive si tôt. Mais au moins, on jouera à armes égales.

(Toubicontinioude…)

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Genre : la baraque

Mercredi 04 Août 2010 à 18:16 - Catégorie: Genre
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La baraque est mortelle. C’est L’Abbé qui s’est chargé de tout : l’achat, les papiers avec le faux nom, il s’est même occupé des factures que je reçois avec la régularité d’une promenade. Il a fait au plus simple, une lettre changée pour lui, ça suffit. Avec un nom aussi commun ils vont être long avant de commencer à  me chercher. C’est pas qu’il aime pas les fioritures, L’Abbé, c’est que l’efficacité prime. Et ça permet de coller à mes vrais papiers sans que quiconque ne me regarde de travers. Bon sur ce point, ma gueule et mes tatouages suffisent, et puis deux trois habitudes un peu particulières, le fait de conduire avec les yeux dans le rétro, de tout payer en liquide, de chier la porte ouverte, ce genre… Mais je me tiens à carreau… J’ai de quoi voir venir…

La baraque est direct sur les causses. On dirait qu’elle est tombée du ciel là et qu’elle s’y est plu. Je voulais de l’isolé, L’Abbé pouvait pas mieux faire. Dehors, c’est le Far West avec des aubracs en guise de bisons. Ca ondule jusqu’à l’horizon. Le village est en contrebas à dix minutes en voiture l’été et devient inaccessible pendant les périodes de neige. Il s’appelle Genre. L’Abbé m’a aussi procuré deux petits calibres et une foison de fusils de chasse ainsi qu’un port d’armes et un permis de chasse. Il est comme ça, L’Abbé, perfectionniste. S’il n’avait pas la sale manie d’accompagner ses escroqueries d’affaires de moeurs, il serait parfait. Mais comme il dit : ” Qui, mieux que les ecclésiastiques, sait que la chair est faible ? ” Il aime les formules, L’Abbé.

L’Hartzala, elle, elle ne sait pas trop quoi en penser. Elle regarde la maison d’un oeil tendre, me lance ensuite le même regard et quand elle se retourne vers le plateau, elle fronce les sourcils. Au premier plan, les aubracs, ça lui plaît. Elle trouve qu’elles ont de jolis yeux et de belles robes. Mais la suite aride, l’absence de bâtiments au loin, je vois bien que ça lui remue les entrailles. Et elle a plus confiance en ses entrailles qu’en moi. Il n’y a que le vent qui a l’air de s’amuser ici. On dirait que tous les vents se sont donnés rencard sur le plateau. Même pour les arbres la vie n’est pas facile. Ils sont tordus de partout. Elle se doute bien que pour nous, ça va pas être du nanan. Là, il fait chaud comme dans un cul.

Le village me plaît déjà. On dirait une sorte de best-of de drôles de gueules, comme si le vent leur avait tordu aussi le regard, les tarbouifs et les tronches. Et faut voir les looks, du hippie dégoulinant de tissus de couleur, de l’apache en tracteur avec des visages couturés de cicatrices, du vieux rocker en pagaille et des anciens à l’équerre qui peuvent pas regarder le ciel sans s’asseoir. Ca manque de femme, mais j’ai l’habitude. Et le bar est ouvert de cinq heure du matin à quatre heure du matin. C’est un plaisir rien que d’y songer. Je sais pas comment les piliers font pour cuver dans le froid en une heure, mais je vais vite m’intéresser à la question. Et on fume au comptoir en plus. Une bonne habitude dans les lieux publics.

Le seul petit souci, c’est notre première nuit. Nous on est venus au calme, oublier le passé, la fleur au fusil. L’Hartzala a tellement pioncé dur que j’avais peur qu’il y ait un trou dans le matelas. Ca faisait pas douze heures qu’on était là qu’il y avait déjà un mort. Et pas du franchement propre…

(Toubicontinioude…)

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