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« Pourquoi faisons de la peine à nos parents ? Il n’y a pas d’explication à cela sinon que c’est une façon de nous entraîner pour plus tard, quand nous ferons de la peine à nos enfants. »

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Les livres discutent entre eux, de ces conversations silencieuses que seule l’oreille avisée entend. Le Livre de la Jungle parle d’Inde et d’animaux exotiques. Le Livre des records ne gonfle pas que les muscles, ce n’est que rodomontades, hâbleries et vantardises, il fait l’article. À côté de lui, Le Livre de Job a l’air bien geignard. Le Coran et La Bible s’engueulent. De toute façon, personne ne les écoute vraiment : les livres de cuisine sont partis manger, le livre numérique surfe sur internet. Quant aux enfants, ils jouent dehors, dans Le Livre de sable… On en perd plusieurs au milieu des pages dont on ne retrouve jamais la bonne. C’est la panique au Salon à cause des disparitions. On abandonne le livre d’or pour se ruer sur le cahier de doléances. Le Livre d’Élie dit qu’il l’avait bien dit, que la fin du monde est proche et qu’on l’a bien mérité. Le Livre brisé n’a pas le moral. Le public déserte pendant que les exposants sortent leurs livres de compte. C’est une catastrophe. On décide de réagir énergiquement, on met les livres anciens dans un coin où ils se mettent à radoter calmement. Ils en ont vu d’autres ! Ils en ont vu mourir des générations ; ils ne sont vraiment pas à une près. On appelle quelque livres courageux à la rescousse ? Le Tiers Livre ne fait pas grand chose et Le Quart livre, pas la moitié. C’est un naufrage ! Un marin sagace note l’heure du sinistre dans un livre de bord qu’il jette le plus loin qu’il peut dans une bouteille de rhum vidée sur l’instant sous le coup de l’émotion. Le Salon ferme. Le Salon sombre. Et tous les livres disparaissent. Les oreilles avisées n’entendent plus leurs murmures incessants.

Les associations de libraires, qui s’estiment spoliées, décident de rédiger un Livre noir du Salon du Livre de Paris 2010 au moment même où le gouvernement rédige, lui, un Livre blanc du Salon du Livre de Paris 2010. Le dialogue silencieux recommence et l’histoire va sans doute se répéter.

Quelqu’un s’avise que de toute façon tous les livres sont contenus dans Le Livre de Sable et qu’il n’y a qu’à le recopier.

(Merci à AppAs pour la conversation…)

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