Archives pour ‘Livre’

Se faire son propre avis en citant un tiers

Jeudi 15 Janvier 2015 à 09:41 - Catégorie: Citations
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« Martyr, c’est pourrir un peu. »

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Offrir de bons traitements

Mardi 19 Juin 2012 à 16:57 - Catégorie: Citations
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“La nuit les loups sont bleus, un peu phosphorescents.

Il y a des loups, tu sais, qui regardent aux fenêtres et qui voient la distance. Il y a des loups qui pleurent du silence de la proie.

Il y a des loups qui traînent des rumeurs rose et jaune, il y a des loups qui lèchent le cou des dentellières, il y a des loups furtifs, des loups à la saison. Il y a des loups jaloux dans des villes étrangères.

Il y a l’hiver qui pousse.

Il y a des loups savants qui dorment dans les livres, des loups anachorètes et des loups synthétiques. Il y a des loups absents, très absents, très absents. Il y a des loups sans fond, ce sont les meilleurs loups.

Il y a des loups d’argile, des loups de papier peint. Il y a des loups arabes avec des rubans verts, des loups de temps en temps, d’autres plus absolus. Certains loups sont faciles et le vent les traverse.

Il y a des loups solaires. L’ombre leur veut du bien, eux regardent la mer. Il y a des loups comme ça.

Ils ne rêvent pas toujours, mais ils rêvent quelquefois

Il y a des loups de printemps, des loups d’offres spéciales. Il y a des loups abstraits avec des bas nylon et du rouge aux babines. Il y a des loups frileux, avec des sentiments. Il y a des loups dorés.

Il y a des loups obliques, qui partent avec le jour, qui partent avec la nuit, des loups désespérants avec des airs de loups comme on croit qu’ont les loups.

Il y a des loups furieux, des loups qui pensent aux loups et qui pensent aux baleines. Il y a des romans noirs sous l’oreiller des loups.

Il y a la faim des loups.

Il y a des loups, tu sais, qui n’ont pas de mémoire. Ce sont des loups sans horde, souvent de très jeunes loups, qui ne cherchent qu’un visage où poser leur velours.

Et puis il y a des louves.”

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Les jours d’après

Mardi 14 Février 2012 à 09:36 - Catégorie: Le phare ouest
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On ne peut décemment pas faire allusion à l’actualité sans faire référence à la vague de froid passée. L’hiver est la saison des marroniers chauds et nous ne couperons pas à la tradition éditoriale… Ce froid, alternativement qualifié de polaire ou de sibérien, a été digne du film apocalyptique Le Jour d’après. Les personnages s’y réfugiaient dans une bibliothèque new-yorkaise pour se protéger d’une vague de froid mortelle (et d’un tsunami monstre) en lançant dans un feu de cheminée des livres réduits au statut de combustible, résumant malgré eux le projet hollywoodien. Ce sont les mêmes raisons de survie qui amènent des SDF à la BPi, la bibliothèque du centre Beaubourg. Mais les températures ne sont pas seules en cause. La politique de libre accès chère à la BPi permet aux SDF de se chauffer à l’intérieur, mais également de lire ou de regarder la télévision.

Amazon.com, inc. l’entreprise de commerce en ligne de livres, produits culturels et équipements numériques – également propriétaire de AbeBooks, librairie en ligne d’ouvrages anciens – après son record de ventes du mois de décembre 2011, lance son lecteur numérique Kindle au Japon. Parallèlement, alors quelle est accusée de faire fermer les leurs aux libraires et qu’elle les met au chômage, Amazon.com a pour projet d’ouvrir des boutiques aux Etat-Unis pour ses produits et embauche en France.

Il y a des privilèges que le livre conservera face à l’e-book, comme son odeur si particulière et nous ne sommes pas près de voir quelqu’un se penchant les yeux fermés et le sourire aux lèvres sur son Kindle pour le renifler à plein nez. Mais pourquoi les vieux livres sentent-ils bons ?

Quoique… Ils sentent si bon et la chose est pour certains lecteurs si importante, si nécessaire qu’on imagine volontiers le réflexe conditionné que peu provoquer une numérisation réussie, d’un exemplaire particulièrement  rare et beau. La BnF a numérisé l’un de nos trésors nationaux, rien que ça. Allez mettre la Marseillaise à plein volume, et debout la main sur le coeur, appréciez – page 7, 47 ou 63 – la qualité des enluminures de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie de Jean Mielot… Ne sentez vous pas l’odeur du vélin ?

Sera-t-on victime de la même illusion face aux oeuvres de la zone grise ? Le Sénat a donné son accord à une proposition de loi permettant la numérisation des livres épuisés mais n’appartenant pas au domaine public tout en prévoyant la perception des droits des auteurs et des éditeurs.

Epilogue : en utilisant les extraits des oeuvres originales, Brian Joseph Davis crée, sur suggestion des lecteurs, les portraits-robots de personnages de la littérature mondiale. Il utilise pour cela les logiciels d’identification de la police. En attendant le portrait de Dorian Gray, vous pouvez voir ceux d’Humbert Humbert, de Sam Spade ou d’Emma Bovary. On espère retrouver ainsi l’assassin de la rue Morgue…

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Soigner sa préface

Vendredi 27 Janvier 2012 à 10:07 - Catégorie: Citations
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“Nous avons fait table rase de tout qui embarrasse un livre ; l’esprit, l’observation, l’originalité, l’orthographe même ; et ne voilà que du crime.

En moyenne, chaque chapitre contiendra soixante-treize assassinats, exécutés avec soin, les uns frais, les autres ayant le temps d’acquérir, par le séjour des victimes à la cave ou dans la saumure, un degré de montant propre à émoustiller la gaîté des familles.

Les personne studieuses qui cherchent des procédés peu connus pour détruire ou seulement estropier leurs semblables trouveront ici cet article en abondance. Sur un travail de centralisation bien entendu, nous avons rassemblé les moyens les plus nouveaux. Soit qu’il s’agisse d’éventrer les petits enfants, d’étouffer les jeunes vierges ou de désosser MM.les militaires, nous opérons-nous mêmes.”

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Eureka Street, des copains ouvrent une librairie à Caen

Mercredi 22 Septembre 2010 à 19:20 - Catégorie: Uncategorized
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Le libraire est un animal qui a beau être omnivore et vivipare, il n’en est pas moins en voie de disparition.  Sa proximité morphologique avec l’espèce humaine devrait pourtant en faire une des espèces phare des programmes du WWF, mais, hélas ! celui-ci n’en a cure.

Mis en concurrence avec les Amazon farouches et les vendeurs de chaussettes qui n’hésitent pas à vendre des livres, la population libraire s’étiole. Sa faible capacité de reproduction ne l’aide pas beaucoup, et on a vu des couples de libraires élever des banquiers : la nature est ainsi faite qu’elle étonne toujours…

C’est pourquoi l’ouverture d’une librairie est un évènement qui est aussi émouvant que de nager avec les baleines sans avoir pris de kétamine (quoique nager avec des baleines sous kéta doit être vachement chouette aussi). Car, comme chacun sait, quand il n’est pas à l’apéro, le libraire vit dans une librairie. La librairie est au libraire ce que l’aire est à l’aigle, la tanière au loup, l’intestin au ténia, un endroit qui sent bizarre mais dans lequel il se sent bien, qui lui est indispensable pour poursuivre sa saine activité de libraire.

Or, tenez-vous bien, une libraire ouvre à Caen, 19 place de la République. A l’heure où la République se porte si mal, voilà une nouvelle qui fait chaud au coeur. Elle s’appelle Eureka Street et elle est tenue par Bénédicte et Pierre. Mais ce n’est pas tout, Eureka street est aussi une librairie itinérante en forme de Camion-Livre que vous trouverez sur les marchés de Caen et lors de certains évènements populaires et culturels. Ce Camion-Livre est conduit par Pierre qui est vachement plus fort que Bénédicte au bras de fer et ceci afin de respecter une vieille coutume des conducteurs de poids-lourds. Ils vendent du neuf et de l’occasion et à vue de nez se sont orientés vers la littérature, le polar, la SF et la jeunesse. Et on peut y boire du thé ou du café.

Avant qu’on ne découvre sa dépouille dans La Salle des espèces menacées et des espèces disparues du Museum d’Histoire Naturelle, allez-donc voir à Eureka Street, dans son milieu naturel, un des derniers couple de libraires en liberté (ils se sont même rencontrés dans une librairie, c’est dire). Vous y observerez Pierre, le mâle, conseiller des polars qu’il a réellement lu, alors qu’il y a un résumé sur la quatrième de couverture ; vous y verrez également Bénédicte parler de littérature comme si c’était un sujet vraiment important : ils sont comme ça les libraires… Un peu bizarre mais tellement proche de nous… Parfois, on croirait des êtres humains…

Plus d’infos, si tu cliques.

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« Notre escalier n’est point du tout propre à l’exécution d’un projet amoureux ; je fus obligée de me contenter de mille baisers et autres petits riens, le reste nous étant a peu près impossible par la situation des lieux. En quoi mon amant eût pu cependant réussir s’il eût voulu sacrifier son aisance à mes désirs, mais c’était un garçon qui, quoique jeune, recherchait déjà ses petites commodités en amour. J’eus pour lui plus de complaisance ; je lui rendis un de ces services obligeants qui, quoique dénué de plusieurs circonstances de la réalité, se termine par les mêmes effets. Cet aimable enfant, touché de mes bontés, versa par reconnaissance de ces larmes qui se répandent avec plaisir. »

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Soumettre le chaos à ses propres régles

Lundi 09 Août 2010 à 09:06 - Catégorie: Citations
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« Les dés en place devant lui, il resta deux minutes dans cette position, priant silencieusement. Puis il ramassa les deux dés et se mit à les agiter gaiement dans ses mains en cornet.

Tremble dans mes mains, ô Dé,                                                                               Tout comme je tremble entre les tiennes.

Et, tenant les dés au-dessus de sa tête, il entonna à haute voix :

O grands et sévères cubes de Dieu, descendez, frémissez, créez.                                 Je remets mon âme entre vos mains.

Les dés s’abattirent : deux et un, trois. Il devait quitter à jamais femme et enfants. »

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« Il faut environ une heure pour faire bouillir une tête. »

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Travailler son méchant

Mercredi 30 Juin 2010 à 11:41 - Catégorie: Citations
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« Fantômas !

— Vous dites ?

— Je dis… Fantômas.

— Cela signifie quoi ?

— Rien… et tout !

— Pourtant qu’est-ce que c’est ?

— Personne… mais cependant quelqu’un !

— Enfin, que fait-il ce quelqu’un !

— Il fait peur !!! »

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Le pré carré

Samedi 19 Juin 2010 à 14:28 - Catégorie: Doppelgänger
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Voilà que j’ouvre enfin Le Livre de l’intranquillité à la première page. J’en connais quelques citations superbes, et je l’ai feuilleté plusieurs fois avec plaisir en y piochant une espèce de poésie dérisoire et sensible avec beaucoup de plaisir. De Pessoa ou de la littérature lusophone en général, je ne sais rien. Je commence ma lecture presque vierge de toute idée autre que celles que j’ai lues dans ce livre.

Et voilà qu’un hors texte signé de trois personnes intelligentes contrôle mon entrée dans le livre. J’ai une casquette, des baskets, il n’est pas dit qu’on me laisse entrer comme ça. A l’intérieur de la boîte de nuit, on s’éclate entre gens bien qui savent ce que l’on doit savoir, pensent ce que l’on doit penser, écrivent ce qui doit s’écrire de Pessoa et de son livre. Et les videurs de la boîte, les muscles gonflés de leur bagage, me tiennent en dehors du texte pour m’expliquer que je dois enlever ma casquette et mes baskets et être bien poli.

J’aime de moins en moins cette façon qu’on a de garder les chefs-d’oeuvre derrière un rempart historique, culturel, hagiographique, critique que je dois franchir à chaque fois que je m’attaque à un classique.

Surtout que dans le cas des chefs-d’oeuvre, le hors-texte n’arrive presque jamais à la cheville du texte. Le marchepied est trop bas.

Et puis cette façon, de disséquer précisément le cadavre de Vénus – les aiguilles plantées dans sa peau écorchée, dans l’odeur des conservateurs – avant qu’on ait pu la lire, la voir, la humer pour de vrai me semble l’affaire des nécrophiles plutôt que la mienne…

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