Toutes proportions gardées

Dimanche 23 Octobre 2016 à 09:15 - Catégorie: Uncategorized
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On la croit soumise, jugée sur ses talons.
Elle domine pourtant ceux qui la mesurent.
Si elle donne à l’univers sa démesure,
C’est parce qu’elle en est la maîtresse étalon.

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Helmut Newton

 

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Les Ecrivains Voyageurs

Lundi 17 Octobre 2016 à 11:40 - Catégorie: Uncategorized
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Tchaikane du Bazar, Tibriz, 1953/54, Nicolas Bouvier, L’Isage du monde.
J’ai la flemme de renlever les deux piles de papier de mon bureau, je vais bosser sur la table de la cuisine.

C’est un autre monde. Les odeurs, les couleurs, la qualité minérale de l’air même y sont toutes différentes. Elles aiguisent la vue et l’esprit atrophiés par l’habitude du bureau. Quant à la culture propre à la cuisine, peut-être plus simple, mais aussi plus authentique dans son immédiateté charnelle et plus profonde, dans ce qu’elle relève comme traces des gestes ancestraux de civilisations révolues, elle interroge mon rapport au monde.

Mon écriture n’est déjà plus la même. L’envie d’envoyer balader le chef-d’oeuvre attendu pour écrire simplement une liste de courses, cette littérature du peuple d’ici que les Nobel ignorent.

Et se pose l’éternelle question… Reviendrai-je un jour à cette vie étriquée qui se déroule encore dans le bureau, en mon absence, à au moins cinq mètres de là ?
 
Sans doute, car là-bas sont mes racines et les cartouches d’encre dans le tiroir… Et ici, la vaisselle qui sèche est un reproche implicite, il faudrait que je la range au lieu de travailler. Ces différences qui nous enrichissent elle et moi sont aussi celles qui nous éloignent inexorablement l’un de l’autre.
 
En rentrant, peut-être que je serais invité au festival de Saint-Malo.

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L’Ile des Poupées

Mercredi 12 Octobre 2016 à 11:42 - Catégorie: Uncategorized
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Sur l’Ile des Poupées, les habitantes ont, pour amuser leurs filles, l’habitude de leur offrir des enfants.

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Hélas, les petites poupées n’accordent pas toujours le soin nécessaire à leurs jouets. Il n’est pas rare de voir au fond d’un coffre, sous l’arbre du jardin, sur un tas d’ordures, le cadavre désarticulé de l’enfant qu’on a oublié de nourrir et dont la rigidité cadavérique empêche la manipulation. Le jouet ne marche plus et commence à se putréfier. Les poupées sont patientes. Elles n’ont pas d’odorat.

Plus tard, elles feront des côtes, une cage à oiseaux et du crâne, un objet de méditation sur le passage du temps et l’impermanence des objets.

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Anthropomorphisme

Samedi 19 Décembre 2015 à 07:41 - Catégorie: Fugitives
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Si les centaures avaient décidé, en représailles, d’entrer en guerre et d’égorger nos filles et nos compagnes à l’orée du bois : si, descendue des montagnes,  une grande coalition réunissant almasty, bigfeet et yétis nous avait empêché de vaincre l’Everest, d’agenouiller l’Aconcagua, d’aigrir l’Eiger : si des sirènes en déroute venaient s’échouer sur les plages ou dégouliner, noyées dans les chaluts, entre le thon et la morue : il demeure probable que ça n’aurait rien changé à la COP 21.

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La geste citoyenne

Mercredi 12 Août 2015 à 08:10 - Catégorie: Citations
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“Le président de la République : habit noir, pas de décorations, pas d’aides de camp, pas de chevaux, pas de panache. Vit simple, modeste, fier ; entre pauvre et sort pauvre. N’accorde aux princes que ce qu’il en reçoit. Dit Monsieur au roi d’Angleterre et à l’empereur d’Autriche.
En France, l’égal de tous les citoyens ; hors de France, l’égal de tous les souverains.”
Choses vues
, Victor Hugo.

(Il n’y a pas de majuscule aux titres mais il y en a au régime et aux nations. Le diable républicain se cache dans les détails typographiques.)

1848, toujours. Au moment où Hugo écrit ces lignes, il est encore de droite. Républicain certes, mais conservateur. Après la révolution de février, il refuse la proposition de Lamartine et de son gouvernement provisoire. Il se prononce pour la Régence. Ce n’est qu’après la chute du gouvernement provisoire qu’il se rend compte que les conservateurs ne veulent pas de la même République que lui. Et qu’il basculera définitivement à gauche. Jusqu’à, à la fin de sa vie politique, se rapprocher et défendre les rouges, longtemps honnis.

Citoyen… Ce mot n’hésite pas, ici, à abaisser un président au niveau de son peuple pour élever ce peuple au rang de souverain. Il était la marque de l’égalité de tous et donc  de l’élévation de chacun. Au noble déchu, au prélat, au paysan, on disait citoyen. Aujourd’hui, est citoyen celui qui fait ce que tous ne font pas forcément. Ce mot est devenu celui de la distinction bourgeoise de gauche.
“C’est un geste citoyen !” On affirme ainsi sa différence lucide, sa supériorité morale, sa profondeur de vue, son refus de la facilité parce qu’on a su trouvé seul, au mépris parfois de 50m à pied supplémentaires, le container jaune. Citoyen… C’est ainsi que se nomme celui qui a honte d’être un bourgeois.

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Je travaille sur Révolutions au salon, spectacle de théâtre musical, qui jouera en mai au Théâtre d’Hérouville. J’ai encore le nez dans mes lectures préparatoires. J’interromps pour une journée la lecture fort distrayante des Mémoires d’Hector Berlioz pour me pencher sur l’année 1848 dans le Choses vues de Victor Hugo.

Je peine à l’ouvrage. Je suis presque sourd depuis trois semaines et n’arrive pas à entendre correctement le répertoire proposé. C’est pourtant lui qui structure la pièce. Puis, je me rends compte avec un mois de retard d’une énorme bourde historique dans la plaquette de présentation. J’ai confondu la Garde Nationale et la Garde Municipale. Pendant les journées de février 1848, la première a protégé le peuple, la seconde a tiré sur la foule. La première a donné ses fusils pour que le peuple arrache les leurs à la seconde. La première était réformiste, la seconde meurtrière. Je cherche encore une excuse valable et n’en trouve aucune.

Heureusement, il y a le plaisir toujours renouvelé de Hugo et cette amusante note sur l’abolition de l’Esclavage, l’un des rares titres de gloire de la IIe République :

“Mai.

La proclamation de l’abolition de l’esclavage se fît à la Guadeloupe avec solennité. Le capitaine de vaisseau Layrle, gouverneur de la colonie, lut le décret de l’Assemblée du haut d’une estrade élevée au milieu de la place publique et entourée d’une foule immense. C’était par le plus beau soleil du monde.

Au moment où le gouverneur proclamait l’égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n’y avait sur l’estrade que trois hommes, représentant pour ainsi dire les trois races : un blanc, le gouverneur ; un mulâtre qui lui tenait le parasol ; et un nègre qui lui portait son chapeau.”

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Se faire son propre avis en citant un tiers

Jeudi 15 Janvier 2015 à 09:41 - Catégorie: Citations
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« Martyr, c’est pourrir un peu. »

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Des courants d’air et autres désagréments

Mercredi 14 Janvier 2015 à 14:24 - Catégorie: Fugitives
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La mort est aussi ce charmant paravent derrière lequel un acolyte regrettable se change en ami regretté.

(Oui, un paravent… cet objet qui, puisqu’on l’utilise dans l’intimité des chambres closes, porte si bien son nom. Nul courant d’air ne le franchit.)

((Désarroi des paravents avant l’invention des domiciles fixes.))

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Les armoires de ma grand-mère/Derniers jeux avant grandir

Vendredi 07 Novembre 2014 à 12:27 - Catégorie: Doppelgänger
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J’ai beaucoup d’amis et de connaissances qui, comme moi, ont été frappés par cette malédiction qui nous oblige, après avoir composé un morceau, écrit un texte ou pris une photo à montrer ce travail à un public indifférent. C’est souvent embarrassant parce que je fais moi-même partie du public et que l’amitié m’oblige à avoir un avis sur le travail des copains alors qu’on le sait, la vocation ne fait pas toujours le talent, ni l’amitié la complaisance.

Pourtant, certains travaux de copains me touchent et oui, j’aime la musique de GaBlé, les dessins de Trefex, la prose de Yo du Milieu, les films de Yannick Lecoeur sans pourtant croire que les relations coupables plus ou moins amicales que nous entretenons par ailleurs m’ont aveuglé sur la qualité de leur travail.

Pour m’éviter les scènes pénibles qui démarrent sur cette question : “Alors, tu en penses quoi ?”, j’essaie de suivre le boulot des copains à distance et passe ainsi pour un insupportable snob, un prétentieux, un fat.

Je suivais donc le travail de Leïla Fréger de loin. L’un de ses films m’avait suffisamment interrogé pour susciter ma curiosité. Et je dois reconnaître que j’adore Leïla comme modèle. Elle a même posé pour Les Femmes-Objets où elle interprète, entre autres, Nyx et a inspiré le texte qui illustre la photo. Leïla a un visage grec qui prend aussi bien les airs vénérables des statues de marbre blanc aux membres brisées que les ombres douces d’une féminité fugace. Il y a de l’antique et de l’enfance dans ces visages qu’elle arbore successivement et que les photographes capturent.

Depuis quelques jours, elle expose dans les couloirs du Lux, des photographies troublantes regroupées sous ce nom Les armoires de ma grand-mère/Derniers jeux avant grandir. On la voit arriver dans la maison de sa grand-mère, seul endroit encore préservé de son passé, seul lieu qui correspond exactement au souvenir de ses jeux, berceau où l’outrage du temps ne se résume qu’à une légère couche de poussière qui seule voile l’éternité de l’enfance. Elle vide les armoires et joue une dernière fois, se déguisant en exploratrice, en résistante armée d’un Flytox, en chanteuse de salle de bain, un sèche cheveux en guise de micro, recréant le surréalisme naïf de l’âge tendre où la passion fait réalité. Elle y imite sa grand-mère dans des mises en scène tantôt candides, faisant sécher une collection innombrable de lunettes de soleil sur une corde à linge, tantôt profondes quand, le regard levé vers le ciel d’une photo de mariage, elle reproduit avec ses mains l’étreinte des époux qui ne sont plus.

Les intérieurs sont découpés en cadres familiers : armoires, embrasures de porte, étagères et miroirs bornent les différents territoires des intimités superposées. On devine à travers les mises en scène de l’intimité de Leïla, celles de sa grand-mère et de sa famille. Les papiers peints vieillots, décorations que l’habitude a fini par rendre imperceptibles, par la focalisation que provoque le cadre de la photo, retrouvent leurs couleurs chatoyantes et leurs motifs rococos. L’oeil fini par s’attarder sur le détail, créant cette suspension qui est exactement celle du souvenir.

C’est simple, beau et touchant.

Et, derrière l’apparence légère des photos d’une adulte qui rejoue son enfance une dernière fois, on devine une seconde histoire, celle de la filiation féminine, de la transmission familiale, de la construction de soi : d’un devenir femme A travers les différents déguisements de l’enfance que porte pour la dernière fois Leïla se dessinent les vies possibles de l’adulte en devenir et le choix qu’a finalement fait Leïla de devenir qui elle est.

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Jeudi 04 Septembre 2014 à 13:42 - Catégorie: Fugitives
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