Le triomphe de l’évidence ou la République des enfants
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Et soudain, un coup de tonnerre a éclaté, sans crier gare, dans le ciel sans nuage de la politique française.
Qu’avons nous appris le mercredi 15 février 2012 aux environs de 20h00 en regardant le journal télévisé de TF1 ?
Que le Président de la République, contre toute attente, défiant tout pronostic, faisant se retourner dans sa tombe Nostradamus et perdre sa Faculté à Elisabeth Tessier se présentait à l’élection présidentielle de 2012. Les commentateurs politiques restent cois, les sondeurs, qui ne l’avaient évidemment pas inclus dans les sondages, refont leurs copies, l’électeur sidéré qui, évidemment, pensait voter Morin, Boutin ou de Villepin ne sait plus qui choisir (d’autant que, autre incroyable coup de théâtre, les deux premiers ne se présentent plus, c’est vraiment dingue), le CSA refait ses comptes. C’est une révolution qui a eu lieu. On a découvert l’Amérique, on a marché sur la Lune, on a prouvé l’existence du clitoris, Dieu est venu manger à la maison (n’en déplaise à certains, il a repris des rillettes) et les archives de la zone 51 prouvent l’existence des extraterrestres. Nicolas Sarkozy est candidat !
On voit que je tire à la ligne tant la mise en mot d’un non-évènement s’avère difficile. Inutile d’analyser à nouveau un discours que tout le monde connaissait d’avance : travail, autorité, France, peuple, référenda (pouf pouf), etc. : tout avait déjà été su et décortiqué. Les pour sont plutôt pour ; les contres, franchement contres. Les opinions étaient déjà faites. Laurence Ferrari passe les plats : à l’heure du repas, cela n’étonne plus personne : ” Vous avez des regrets ?” lui dit-elle…
Cette déclaration de candidature n’a guère été que performative et médiatique au sens le plus pauvre de chaque mot.
Que se passe-t-il exactement quand il ne se passe rien ?
Le Petit Bouddha va bientôt fêter ses quatre ans. Quand elle va aux toilettes, elle dit qu’elle va aux toilettes. Quand elle dessine, elle dit ce qu’elle dessine. Elle dit même ce qu’elle pense sans vraiment se préoccuper de la situation d’énonciation. Mais pour elle, tout cela est évènement puisqu’il s’agit à chaque fois de la rencontre, toujours nouvelle, entre le monde, sa capacité à agir sur lui, sa pensée et son langage.
C’est sans doute tout l’héritage programmatique (je ne sais pas ce que ça veut dire mais c’est mon mot préféré, en ce moment, avec opératoire) d’un Nicolas Sarkozy qui s’est toujours vanté de dire ce qu’il faisait et de faire ce qu’il disait. Comme ma fille…
Mon seul espoir devant le vide ressenti hier est que Nicolas Sarkozy soit un président de 5 ans, peut-être encore émerveillé du jeu politico-médiatique, qui parle tout seul au bout de la table de repas des français, avant qu’on ne l’envoie se coucher pour que nous puissions enfin faire de beaux rêves.
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